Le nom Fujita, Johnson de son vrai nom.
Le prénomWilliam Kahei Eichi
L'âge35 ans le printemps prochain
Emploi/Situation Tueur reconnu (ou pas) des Yakuzas, et d’une manière générale des malhonnêtes gens (i_i no comment) sous le doux nom de Fire As.
Remarque Jouer au poker avec As comme adversaire est des plus déconseillés !
(Note : u.u description physique un peu légère à mon goût, mais vraiment… marre de cette fiche XD L’inspiration ne venait plus pour le décrire i_i)
Description Physique Du haut de ses trente-quatre ans, William est l’incarnation de la froideur, d’une flamme contenue, d’un beau glaçon transparent d’hiver. Son corps, avec cette stature massive et ses muscles non négligeables, n’a presque rien perdu de ses vingt-cinq ans. Des épaules carrées, des gestes calmes, précis, comme répétés encore et encore des centaines de fois, non. William ne peut vraiment pas être décrit comme un homme sans présence. Du haut de son mètre 84, il s’impose très naturellement, comme s’il possédait tout, toute pièce, tout être. Est-ce dû à ses yeux noisette, plus froid encore qu’une soirée d’hiver, à ses rides cachées aux coins de ses yeux, à ce petit sourire moqueur qu’il aime tant arborer, à sa barbe souvent mal entretenue ? Qui sait ?
Inutile de dire que ses cheveux, d’un noir de jais, parsemés de quelques petites mèches grises, encadrent très bien son visage aux traits indéniablement masculins… impossible de s’y tromper. Ses cheveux, coupés à une longueur des plus raisonnables, laissant seulement quelques mèches glisser sur son front et sur sa nuque, il n’est guère difficile de deviner qu’ils n’en sont pas moins entretenus.
Vraiment… Fire As est un homme naturellement intriguant. Ses manières ne possèdent peut-être pas tout d’un dandy, mais ce petit côté sorbe, dans ses tenues, dans ses regards… c’est… comment dire ? C’est très amusant. Chemises, pantalons, chaussures, tout est de qualité… bien évidemment. Une posture droite, fière, de longs doigts… un peu rugueux, il faut bien l’avouer, une démarche désagréablement assurée… sans compter ses petits sourires amusés, moqueurs, ou simplement méprisants. William, sans dire un mot, sait déjà être agaçant, intrigant, et même admirable…
Description Psychologique Indifférent. C’est sans doute un terme qui lui correspondrait bien. Oui, As est insensible au sort du commun des mortels, à celui de la planète, même souvent au sien. La vie, la mort, ça n’a même plus de sens pour lui. Ce ne sont plus que des mots, comme aimer. Ca n’a pas de sens, c’est absurde, grotesque… c’est handicapant. De même, Will ne croit en aucun cas au destin, sauf pour quelques-unes de ses victimes. Maîtriser sa vie ? N’est-ce pas le rêve de n’importe qui ? Et bien c’est ce qu’il fait, ou croit faire. En réalité, ce genre de questions existentielles n’a aucun sens à ses yeux.
Très consciencieux de nature, William aime terminer ce qu’il commence. C’est une sorte de principe. Ca ne signifie pas pour autant qu’il est accro à son travail, ou constamment sérieux. Au contraire. Son travail ? C’est un loisir, pas un véritable boulot. Sérieux ? Il aime trop se gausser de quelques pauvres êtres, se moquer, faire souffrir et observer la déchéance des autres pour ça !
Doux ? Gentil ? Attentionné ? Non, ces mots ne peuvent décidément pas être assimilés à Fire As. Au contraire. Il est brutal, vexant, parfois… blessant… souvent. Professionnellement parlant, on peut dire qu’il est plutôt doué. Jamais il n’a été reconnu pour la brutalité de ses crimes, au contraire… ce sont ses manières directes, claires mais surtout sans bavures qui lui valent une tel… succès. Comme beaucoup de Yakuza, on ne le connaît que de nom. On ne connaît que Fire As. William Fujita ? Un simple bougre parmi tant d’autres.
Au fond tellement simple, et si compliqué. Pourquoi avoir choisi cette voie ? Il ne semble avoir ni rancœur contre les Freelances, ni un goût excessivement morbide pour le sang. Sinon… pourquoi ne pas avoir imité Smiling Devil dans sa folie sanglante ? Le goût de tuer ? Non… vraiment insuffisant.
Posez-lui la question, il vous répondra sans doute « Pourquoi pas ? ». En réalité, As s’en moque. Rester dans les mémoires ? Vraiment pas. Tout le monde meurt un jour, tout le monde fini six pieds sous terre ou éparpillé dans les airs. Jem’enfoutiste aux questions d’avenir, Will ne fait que profiter de l’instant présent. Poker, cigarettes, alcool, sexe… meurtre. Peu de choses ont changées depuis son adolescence, ses goûts demeurent les mêmes.
Peut-être voulait-il simplement être dans le camp des gagnants ?
Histoire Las Vegas.
1973. Peut-être fut-il un temps, un autre temps, ailleurs, où l’homme aurait put savourer l’événement. Peut-être en Californie. Peut-être. Mais pas au Nevada. L’homme était au moins l’égal de la pauvre femme, en salle d’accouchement, de par ses gémissements inquiets, ses muscles tendus d’appréhension, et ses dents serrées de colère. De temps à autre, on le rassurait, on lui donnait une petite tape dans le dos, on lui disait de respirer, d’ « imiter » sa femme. Etaient-ils tous stupides ? C’était bien possible. Comment diable pouvait-on confondre sa femme et sa sœur ? Tout ce sang… c’était vraiment… sale. Impur. Le pauvre homme était déjà saoul, mais parole d’ivrogne il n’y aurait jamais assez d’alcool dans tout le pays pour lui faire oublier cette soirée ! Et pourtant, pour le reste, il faudra vous adresser à quelqu’un d’autre. C’était fini pour Morgan, terrassé par son sang saturé de vodka, ou peut-être par les cris stridents de l’enfant. Il était né. Le petit bâtard était né sous le soleil déjà ardent de Las Vegas.
Les premiers jours de l’enfants ne furent pas les plus tendres, mais qu’attendre de plus d’une junkie, d’une irresponsable petite crétine qui avait outrageusement écarté ses cuisses pâles, aussi ravagées que le reste de son corps, au premier petit dealer japonais qui lui avait mariné une dose aussi fictive qu’absurde d’héroïne ? Qu’attendre de plus d’une petite sotte qui dans un élan de pureté religieuse avait refusé d’avorter pendant qu’il en était encore temps ? Alysson n’aimait pas son enfant, ni lui, ni l’argent qu’il lui coûtait –ou plutôt qu’il coûtait à son frère Morgan-, ni toute la douleur qu’il lui avait apportée. Il n’avait même pas de nom. Enfin, si, bien entendu… officiellement il s’appelait William Johnson, officieusement… Will n’avait pas droit à un regard, ni à un seul mot de la part de sa mère. Quelle idiote. Elle se contentait de le nourrir, de le changer, de le coucher puis de disparaître, soir après soir, griller ce qu’il lui restait d’argent dans le casino de Morgan, dans sa nouvelle demeure improvisée. Oh, inutile d’être fin psychologue pour comprendre Alysson. Du haut de ses vingt ans, sa jeunesse se voyait aspirée par son petit bâtard… il faut croire que les miracles n’arrivent qu’une fois : l’impulsion qui l’avait empêchée d’avorter ne semblait pas assez forte pour la pousser à élever William. Ca se confirma un soir où la jeune mère ne rentra pas dans sa chambre. Mais c’était bien mieux ainsi. La sotte tuait son fils en même temps qu’elle, en l’allaitant. Le lait maternel, la meilleure nourriture de l’enfant en bas âge ? Pas lorsque le corps entier de la mère est saturé d’alcool, de tabac et de drogues en tout genre.
Oh oui, Alysson voulait vivre sa jeunesse. Elle ne vivrait sans doute jamais sa vieillesse. Mais comment fera-t-elle la fête, six pieds sous terre ? Parole de Morgan, elle arriverait encore à animer les soirées de Satan, en enfer. Quoi qu’il en soit, maintenant Morgan avait un tout autre fardeau sur les mains. Un gosse. Un gosse à élever dans un casino, un gosse à élever dans l’absurdité du jeu, dans l’argent, au milieu des potiches et des strip-teaseuses destinées uniquement à distraire quelques gros morceaux pour les inciter à dépenser, dépenser encore. Toujours plus. Bienvenu dans l’antre du plaisir, petit bâtard.
Ce fut ainsi. Quelques années de paix succédèrent à la pagaille qu’avait mise William en naissant. Sa curiosité grandissait en même temps que lui, et en même temps que celle des clients… car c’était indéniable : Will tenait de son père. Pour le gosse, Morgan était un repère, un exemple. Il faut dire que l’homme le grondait rarement, et qu’il répondait à la plupart de ses questions, dans la mesure du possible. Bien entendu, qui dit enfance dit bêtises, et il fut bien un temps où William ne sut plus canaliser son surplus d’énergie. Alors, il allait et venait dans le casino, harcelant quelques clients, visitant même leur chambre pendant leur absence. Bien entendu, ses petits jeux furent vite découverts par son oncle.
Aucune plainte ne fut déposée, heureusement pour les Johnson. Morgan n’eut ni le courage de punir son neveu, ni celui de le gronder. Cependant… s’il n’intervenait pas, dans moins de deux mois le gosse aurait ravagé tout son casino ! Il avait à peine huit ans, c’était vraiment un petit démon !
Alors il lui apprit à jouer aux cartes. Poker, belotte, tout y passa, et étonnamment William s’y intéressait beaucoup. Bien entendu, qu’il réussisse à battre Morgan eut été un véritable miracle, mais il était éveillé, attentif, et très malin pour son âge. Le poker, par contre, était sa plus grande faiblesse. Bien qu’il idolâtrait, et idolâtre d’ailleurs aujourd’hui encore, ce jeu, il y jouait très mal. Pourquoi ? William ne le comprenait pas, et son oncle demeurait désespérément silencieux, malgré les semaines qui s’écoulaient lentement, de plus en plus nombreuses.
William avait grandit, en même temps que sa demeure, le casino de son oncle, mais Morgan… Ah ! Morgan ! Il aimait décidément tout faire à contresens ! L’homme, le seul père que Will n’ait jamais eu, régressait de jours en jours. Il se laissait emporter par la vague de luxure et de plaisir qui avait déjà, probablement, terrassé sa sœur. Oh, l’adolescent qu’était devenu le bâtard n’y prêtait pas vraiment attention, il était même sensiblement plus engagé dans ce sombre chemin que son oncle, mais évidemment jamais il ne lui en toucha ne serait-ce qu’un mot ! Il faut dire que William trouvait de plus en plus de raisons d’éviter son oncle… c’est vrai, depuis quelques temps l’attitude de Morgan avait changée. Certes, Will était devenu plus teigneux avec l’âge, mais de là à mettre Morgan dans un état de rage folle à chacune de leurs nombreuses discussions… il y a des limites. Peut-être devenait-il plus égoïste à mesure que son neveu grandissait ? Plus lucide, peut-être ? Bah ! Qui peut savoir, à part Morgan lui-même ? De toute façon, Will semblait avoir trouvé bien plus intéressant que de passer une mauvaise soirée avec son oncle. Le jeune homme, du haut de ses quinze ans, expérimentait l’expérience la plus rock’n’roll de sa petite vie : alcool, sexe… poker. Il semblait d’ailleurs avoir trouvé la camarade de jeu idéale, bien que les deux êtres ne s’appréciaient pas énormément. Ils se tolérait, pour le bien commun de leurs loisirs. Et non. Même pas une petite amourette de jeunesse… Jess et Will se ressemblaient décidément trop pour que ça arrive un jour !
« Haan !! Jessy woon !! »
Hurla une voix des plus féminine, à l’aube de ce nouveau jour d’été. Bien entendu, le perdant n’eut d’autre choix que de serrer les dents pour tenter vainement de contenir sa colère. Le poker. Elle l’avait encore battu au poker ! C’était intolérable ! Elle… cette… cette traînée. William regardait sa camarade sautiller et exhiber excessivement sa joie dans la chambre qui était tout de même la sienne. Peu de gamines avaient eut le privilège d’entrer… non… en fait, Jessy était la seule.
« Yes !! Yes !! Yeees !!! »
Cria-t-elle encore tandis qu’elle tentait de ramener l’immense mise de jetons contre elle. Les muscles faciaux de Will devaient en trembler de colère, car l’adolescente ne tarda pas à éclater d’un rire peu délicat, achevant de rentre le pauvre perdant ivre de rage. Elle était tellement… insupportable… quand elle gagnait, quand elle perdait… quand elle traînait sa misérable carcasse de garçon manqué dans la chambre de William. Non… vraiment… C’en était trop. Le jeune homme se releva brusquement pour aller chercher une nouvelle bouteille de whiskey. La note ? Elle disparaîtrait comme par enchantement… depuis le temps… il savait s’y prendre le jeune Johnson. Sans un mot, il se rassit en face de son euphorique adversaire. Une petite tape amicale sur la joue de Will, suivit de quelques plaisanteries douteuses furent accompagnées par la rasade d’alcool que le perdant s’accorda en guise de remontant.
« Je vais te faire mordre la poussière !! »
Beugla-t-il, assez éméché alors qu’il bondissait sur Jessy pour lui faire passer l’envie de rire. Ca ne marcha pas. La voilà qui était désormais prise d’un épouvantable fou rire ! « Jessy won, Jessy won » … cette affreuse rengaine se répercutait dans l’esprit embrumé par l’alcool du jeune Will. Non, ce n’était pas tolérable… pas tolérable du tout ! Il perdait la face soir après soir au poker… c’était trop humiliant ! Il se faisait battre par… par une fille !
William grimaça, grogna, désespérait à l’idée de ce qu’il s’apprêtait à faire. Jamais il ne pourrait se le pardonner, mais ça avait assez duré. Oh oui.
L’adolescent se releva, faisant quelques pas dans sa chambre sous le regard amusé de Jessy. Soupirant, il se tourna enfin vers elle. C’était mauvais… elle allait sûrement en profiter !
« Apprends-moi à jouer mieux.. »
Lentement, comme la nuit qui s’installe, un immense sourire moqueur naquit sur les lèvres humides d’alcool de Jess. Puis, tant bien que mal, elle s’efforça de paraître sérieuse, avec cette petite touche d’agressivité qui la caractérisait. Ses yeux riaient encore. C’était insupportable. Lentement, elle se releva, et passa ses doigts fins dans ses cheveux noirs coupés court. Elle s’approcha d’un pas assuré, et ce malgré les bouteilles qu’elle avait déjà vidées. Provocante, détestablement joyeuse, elle se mit à pousser William, le provocant, encore et encore jusqu’à ce que ce dernier se voie bloqué contre le mur. Il n’avait pas bronché, chose rare… mais la veine exagérément gonflée qui commençait à apparaître sur son front en disait long sur son humeur. L’adolescente ne put s’en empêcher. Pour rendre son camarade de jeu encore plus fou de rage, elle se colla à lui. Doucement, tout dou-ce-ment.
« Hum ! Très bien, mais seulement si tu fais quelques petites choses pour moi. »
Bien entendu, inutile de dire que William n’en fut guère surpris, et indigné au plus haut point, mais il n’avait pas le choix. C’était ça, ou la honte jusqu’à la fin de ses jours. En clair, il n’avait pas vraiment le choix.
Pourtant, les jours passèrent sans que Jessy ne lui précise ses attentes. C’était tout bonnement insupportable. Se fichait-elle de lui ? Peut-être, peut-être pas… allez savoir. De plus, l’adolescente posait de plus en plus de lapins à son camarade de jeu. Comment osait-elle ?! Déjà que Will daignait faire un effort en se déplaçant en personne… enfin bref. Willy était sur les nerfs, et ce n’était sans doute pas sur le point de s’arranger. Hum ? Oh, non… juste une intuition. Semaines après semaine, progressivement, William commença à comprendre ses erreurs. Bien entendu, désormais Jessy le prenait pour sa boniche, mais le jeu en valait la chandelle ! Ses coups de bluff s’amélioraient, ses stratégies aussi. Mais notre futur tueur ne s’en rendit complètement compte qu’un soir où il parvint à convaincre son oncle de faire une partie de poker avec lui. William venait de fêter ses seize ans, et ce beau soir de printemps, il pluma littéralement le pauvre Morgan. A la table de jeu, il régnait un silence mortel… William savourait sa victoire, et Morgan ruminait sa rage et sa surprise. Foie de Will, ça devait bien chauffer dans l’esprit de son oncle. Aussi, il ne se contenta que d’un petit sourire satisfait.
C’était peut-être la goutte de trop, celle qui fait déborder le vase…
Morgan Johnson sortit de la chambre sans le moindre mot. Il ne claqua même pas la porte derrière lui. Etrange… Morgan était devenu étrange. Ses regards, ses gestes étaient plus las… plus absents. S’il s’en rendait compte, il ne semblait ne rien vouloir faire pour le cacher ! Et puis… il ne se voyaient plus, lui et William. Ils ne se croisaient plus, ils ne se regardaient plus… et pas à cause d’une partie de poker perdue. Will le savait très bien. Pourtant, il ne chercha pas à en savoir plus. Ce n’était pas ses affaires. Du moins… pas pour l’instant.
Tokyo.
1996. Peut-être que l’homme aurait pu savourer ce moment. Non, en fait, il le savourait pleinement. Voir cette sale teigne pleurnicher à ses pieds, il attendait ça depuis tellement longtemps. Oh, bien sûr, Jessy ne pleurait pas vraiment… pas encore, mais elle avait mal. Malgré tous ses efforts pour garder la tête haute, elle n’y arrivait pas. Alors elle serrait les dents, crachait, jurait, sans que ça ne lui apporte rien. Cette fois, elle ne pouvait pas tenir William, Kahei de son nom d’emprunt, pour responsable. C’est elle qui avait voulu ça, cette vie de débauche sans le moindre sens. Ils se ressemblaient vraiment… vraiment trop. C’était insupportable. La seule erreur de Jess avait sans doute été de céder à son goût glauque pour le sexe, pour la mort, pour la douleur. C’était elle qui l’avait voulu.
Will n’y pouvait rien. Ou… peut-être que si.
« Ne me… laisse pas… comme ça !! Wiii… »
Will… William… Willy… encore ce prénom stupide. Le métis ne l’avait pas laissée continuer. Ses doigts enserraient maintenant sa gorge… sa belle gorge pâle, ravagée. Oh, elle était bien loin, la gamine aux cheveux courts. Jess était devenue une belle femme, sensuelle, féminine… elle s’était complètement détruite. La sotte.
Elle était loin, la gamine accro à l’alcool et au poker. Maintenant, elle penchait davantage pour la drogue et le sexe. Rock’n’roll un jour, Rock’n’roll toujours, hein ? Décidément… elle était vraiment stupide. Will… Kahei… peut importe. Il ne comprenait pas vraiment ce qui lui prenait. Il serrait, serrait sa gorge encore et encore, s’agenouillant lentement devant la femme, Jess… elle était déjà si près du sol. C’était tellement jouissif ! Où étaient passées les tirades moqueuses et méprisantes de Jessy ? Ses yeux n’étaient plus qu’un océan bleu de terreur. Vraiment. Tellement jouissif.
Aucun commentaire, rien. Comment le métis aurait-il put ? Cela aurait sans doute couvert les râles d’agonie, ces délicieux râles qui sortaient des lèvres fines de son ancienne camarade. Cette pute de luxe. C’était étrange, depuis Morgan, Will s’attendait à ce que les derniers instants de Jess semblent durer une éternité… il n’en était rien. Au contraire. Bientôt, elle ne put plus respirer, plus bouger… sans aucun espoir de pouvoir le refaire un jour. Quelle déception. Même en mourrant, Jessy sera tout de même parvenue à agacer William. Lentement, il se releva, frottant un peu ses mains couvertes de sang.
Jamais il n’aurait cru que Jessy puisse, elle aussi, tuer… arracher la vie d’un être. William jeta un petit coup d’œil indifférent au dernier client de Jess… un vieux pervers. De la self-défense ? Décevant… mais finalement, qu’attendre de plus d’une traînée telle que Jessy ?
Sans un regard de plus pour sa défunte camarade, Will se glissa dans la salle de bains pour se débarrasser du sang qui souillait ses belles mains aux longs doigts. Un coup d’œil rapide au miroir lui permit de constater que cette garce de Jessy avait aussi tâché son visage en tentant de le repousser. Les yeux clos, l’eau coulant abondamment sur ses joues, dans son cou… Morgan. Aujourd’hui encore, William pouvait le voir partout. Il occupait sa tête comme jamais personne ne l’avait fait. Vraiment… son meurtre avait égayé sa soirée. Ils avaient tous les deux trop bu… et la tension montait… sauf que Will, lui, n’avait pas hésité. L’homme esquissa un petit sourire amusé… son oncle n’avait jamais aimé les surprises… ce soir là il avait été servit, n’est-ce pas ? Lentement, Will s’étira en s’arrachant un bâillement. Son deuxième meurtre ne lui avait même pas donné un seul frisson… vraiment décevant.
Cependant… il ne put s’empêcher de sourire alors qu’il enjambait le corps de Jessy. Vraiment pitoyable, dans sa petite tenue de sadomasochiste… pitoyable.
Incroyable… vraiment incroyable. Dehors, il faisait beau. S’arrêtant quelques instants au milieu de la foule, William glissa ses doigts dans ses cheveux sombres. Le temps d’offrir son visage à la lumière du soleil quelques instants, puis il repartit… aussi élégamment qu’il s’était arrêté.
Voilà. Il était aussi seul qu’il l’avait toujours souhaité. Maintenant, il lui fallait se faire un nom… se faire remarquer, craint… détesté… Il lui fallait une bonne partie de poker.
2007.
Fire As de son surnom, vingt-six ans révolu, s’apprêtait à abattre un homme. Ce qu’il avait fait ? Ce qu’il n’avait pas fait ? Il s’en moquait éperdument. Tout ce qui semblait intriguer le Yakuza, c’est cette lueur de terreur qui brillait dans les yeux embués de l’arme de sa future victime. Ce n’était pas un combattant dans l’âme, c’était certain… ses gardes du corps non plus. Ils n’avaient pas fait long feu. Lentement, un détestable sourire amusé naquit sur les lèvres du Yakuza, et il tira. Cas de force majeure, prétexterait-il. En fait, il n’était même pas sûr de devoir le tuer. Mais ce n’était pas important. Ce soir, il allait commencer une partie d’un tout nouveau jeu qu’il aimait, semble-t-il, beaucoup.
Un gamin, un petit gringalet de Freelance –oui, malgré sa belle réputation il n’en demeurait pas moins frêle aux yeux d’As- avait, semble-t-il, un petit faible pour lui. Smiling Devil. Oh, Willy l’avait remarqué depuis quelques temps déjà, mais les approches de ce gosse étaient vraiment distrayantes ! D’un geste lent, marqué par l’habitude, As sortit son paquet de cigarette. Presque vide. Décevant. Il ne s’en formalisa pas et réduit encore sa marge de cigarette. Lentement, la délicieuse fumée nocive emplit ses poumons, tandis qu’il souriait à nouveau… un peu platement, un peu froidement peut-être.
Vraiment. Smiling Devil… Blake… il n’avait pourtant pas la réputation d’être aussi naïf, quoique… avec ce bandeau devant les yeux, on puisse aisément avoir des doutes sur sa clairvoyance.
Le temps de ranger son arme, et le Yakuza disparu aussi subitement qu’il était venu. Tout en réfléchissant à ce qu’il allait bien pouvoir faire avec son Freelance fétiche, le trentenaire gratta son menton mal rasé. Devait-il vraiment mettre Blake sur la voie ? Peut-être… mais… Non ! C’eut vraiment été trop décevant. Et puis… William voulait voir son visage se décomposer, lentement, lorsqu’il comprendrait enfin qu’il a affaire à un Yakuza pur et dur… à Fire As.
Ce n’est qu’après une petite douche, dans des vêtements plus confortables, que Will daigna rejoindre le night-club. Il aurait été surprenant qu’il n’y trouve pas Blake.
Oui. Comme prévu, il y était.
As s’était délicieusement fait désirer, rendant ses visites plus irrégulières, plus espacées. Ca avait finalement payé… le soir même. Ah ! Tellement amusant ! Smiling Devil, le Freelance à la fière réputation… sous lui… ses cuisses outrageusement écartées. Vraiment ! Blake s’était lamentablement abandonné à lui, et gémissait, frissonnait de tout son corps. La seule fausse note ? William ne vit pas ses yeux. Il aurait tellement aimé que ce gosse le regarde, brûlant de désir… réclamant toujours plus. Mais bon. On ne peut pas tout avoir, n’est-ce pas ?
Oh ! Et quand enfin Smiling Devil découvrit la véritable nature de son amant ! Bon sang… As ne regrettait décidément pas d’avoir été aussi patient. Surtout que maintenant, Blake imaginait pouvoir faire taire un jour ses sourire moqueur, sa joie d’avoir tout eut du Freelance… sa colère… son désir… sa voix, son corps… tout.
Mais ce n’était qu’un gosse, qu’un tout petit gaki… qui ne méritait pas sa réputation. Comment un jeune homme au sang si chaud avait pu grimper à un tel niveau ? C’était un mystère pour le Yakuza, mais quoi qu’il en soit… Les grondements de rage de Blake étaient tous plus délicieux les uns que les autres.
Oh non. As ne le lâcherait pas de sitôt.